19 avril > 15 juin 2025

Miguel Molet
Commissaires : Manon Berthelot, Chloé Courbet

Au Centre de Céramique Contemporaine de Giroussens, du 19 avril au 15 juin 2025 l’association Terre et Terres invite huit céramistes européens explorant les Terres Sigillées avec une approche contemporaine innovante, résolument en quête de nouveaux horizons visuels et tactiles.

Ces passionnés de vernis d’argiles récoltées lors de cueillettes questionnent l’art céramique grâce à une démarche sensible, quasi géologique, empreinte de savoir-faire ancestraux et de rencontres plurielles en créant des ponts entre la terre et d’autres matériaux.

Une alchimie entre la couleur et la forme met en lumière leur expression personnelle au travers d’une large palette de formes sculpturales explorées, allant du géométrique à l’architectural et de l’organique au primitif.
Supports d’évocations et d’expressions artistiques, ces vernis de terres sigillées offrent à la palette céramique un vaste nuancier de teintes naturelles, douces et polies. Ils peuvent être abordés de multiples manières et révéler des sensibilités personnelles très contemporaines.

Léna Babinet à la manière d’une naturaliste en quête de poésie et d’histoire intime, collectionne et répertorie des échantillons de teintes avec minutie et fouille l’histoire héritée avec ritualisation comme dans « Anamnèse » « Tinctura » ou « Présages ».

Dans le mouvement des sculptures présentées une grande technicité apparaît au niveau des lignes de tensions et met en avant un rythme visuel tant coloré que formel.

L’exigence de la plasticité de la terre se confronte à la connaissance d’autres matériaux comme le propose Marion Voisin dans « Faille » ou dans ses autres sculptures très ajourées à la rencontre entre tension de l’argile et rétractation du métal.

Philippe Buraud tel un observateur des profondeurs du cosmos nous propose d’explorer et de voyager dans l’infiniment grand et ses mystères bleutés ponctués de lumières colorées et de minéraux rares.

L’univers organique et tout en rondeur des sculptures modelées et mouvantes de Lauriane Firoben nous offre à contempler des nuances paysagées allant du solaire au lunaire grâce à des cuissons au bois et des enfumages.
Certaines sculptures exposées questionnent la notion philosophique de vide et de plein ainsi que de contenu et de contenant.

Elles nous interrogent sur le statut des céramiques actuelles ainsi que sur leur pouvoir d’évocation et de suggestion d’un monde sensitif tout aussi onirique qu’engagé.

Miguel Molet questionne la notion d’usage ou d’architecture dans sa série de contenants détournés « Cabacera de linea » où la ligne du contenant explore des distorsions imaginaires.

Felix Galland avec ses « Tubes » cylindriques fermés et texturés à l’image de totems nous renvoie dans des mondes oniriques où se côtoient tension géométrique et douceur de la sigillée.

Dalloun explore des formes sculpturales rondes et archaïques aux influences primitives au travers de ses « Pierres tripodes » où la texture de la sigillée est comme un voile de soie épais ou un vieux cuir tanné.

Maxime Defer quant à lui dévoile des formes épurées aux milles couleurs, lignes rondes ou tendues, offertes au feu de bois et parfois pigmentées d’un bleu mystérieux et profond.

Chez tous ces céramistes l’usage des décors vitrifiés et parfois enfumés est à l’image d’un miroir révélateur: celui qui dévoile les traces et les marques d’un temps qui passe ; mais aussi les tressaillements géologiques, les strates et les plis de la vie, dont la sigillée onctueuse adoucit les contours grâce à une décantation minutieuse et lente.
Un regard entre l’ancestral et la nouveauté est ainsi tissé dans un souci de respect des savoir-faire et de notre environnement.
Nous invitons l’Archeosite de Montans, spécialiste en « Terres Sigillées » galloromaines locales à présenter quelques joyaux de l’époque.