©Frederic Gonzalez
Safia Hijos
Biographie
Française, née en 1975, Safia Hijos vit et travaille à Nîmes. Après des études de droit et quelques années dans le conseil, elle décide de se consacrer entièrement à la céramique et sort diplômée de la Cambre, une école d’art bruxelloise, en 2014. En 2019, elle reçoit le Grand Prix ex aequo de la Biennale de Vallauris pour « Les Emeraudes du chaos », création qui donnera lieu à une installation d’envergure en 2021 au Centre d’Art et de Nature de Chaumont-sur-Loire. Parallèlement à ses expositions et résidences, elle intervient ponctuellement en écoles d’art.
Intentions
Cherchant à créer un dialogue avec la nature et l’architecture, les céramiques de Safia Hijos jouent avec leur environnement dans un esprit baroque et poétique surgissant au mur, au plafond, dans les coins, dans les arbres ou au beau milieu des prés…
A propos de Supernatures
Je fabrique lentement mon jardin intérieur, mi-végétal, mi-animal, à suspendre aux murs. Il s’agit d’ornements et tout se mêle un peu ici : le rococo de la fleurisserie de la Pompadour, les arabesques végétales des Grotesques, les citrons éclatants de Luca Della Robbia, les guirlandes de fleurs et de feuilles ornant les façades des villes, les écailles et les griffes des chimères et même Sonic le hérisson d’un jeu vidéo.
La littérature enfantine à travers « Max et les maxi monstres » de Maurice Sendak est aussi présente par l’apparition incongrue de la nature dans l’espace intérieur et cette phrase « Et tout à coup une forêt poussa dans la chambre de Max » résonne dans l’installation.
Toujours dans la culture populaire, il y a ce film anglais « La forêt d’émeraude » de John Boorman – un navet des années 80 – dont le titre plutôt poétique est la seule chose à retenir notamment parce qu’il évoque la couleur et la profondeur de cette pierre précieuse possédant également un jardin intérieur, des inclusions qui en font toute la beauté et que j’ai voulu évoquer à travers les émaux recouvrant les sculptures.
Par la forme démesurément allongée des pièces, j’aime à faire une discrète allusion à la philosophie du Jardin d’Epicure. Les fenêtres romaines donnant sur les jardins étaient apparemment étroites pour mieux procurer la sensation d’agrément, de suavitas à la vue du jardin. Cela, c’est un des mes auteurs favoris qui le raconte, Pascal Quignard dans « Le sexe et l’effroi » dont je tire très souvent de l’inspiration. Il écrit ainsi « Qu’est-ce qu’un jardin à Rome ? … Se tenir immobile comme un feuillage avant l’orage ». L’argile pétrifié de mes céramiques lui rend hommage.
Enfin, je garde près de moi ce vers plein d’espérance de Wilhelm Müller et Franz Schubert tiré du Voyage en hiver :
« Wann grünt ihr Blätter am Fenster ? »
Quand reverdiront les feuilles à ma fenêtre ?