5 octobre > 31 décembre 2024
(Salle 2)Terres à Histoires
Dans son œuvre « Descente de croix » le Christ s’échappe doucement
de la croix suppliciaire pour rejoindre Marie-Madeleine et
se prélasser à ses côtés dans un univers cotonneux.
Cette sculpture nous raconte bien une histoire puisqu’elle est
composée de plusieurs événements relatés par “cases”, par
planches, à la manière d’une bande dessinée.
Il en est de même pour « La tour de la désillusion » où un chevalier
poursuit le but d’occire un dragon et d’épouser une princesse
et se voit finalement détourné de son objectif initial par les
aléas de la vie, représentés étage par étage.
Dans « Adolescents dans un fauteuil » la simple plaque de terre
qui sert de support aux personnages évoque un salon chaleureux
où trône une télévision. C’est du moins ce que suggère
l’attitude détendue et absorbée des deux garçons. Mais dans
cette œuvre, comme dans bien d’autres, une action unique est
évoquée. Peut-on alors parler d’histoire ?
De plus, si l’action est unique, elle est souvent anodine. Les personnages
de Laure ne tiennent pas à illustrer de hauts faits et
ce qu’elle représente tient presque toujours de l’anecdotique.
C’est ce qui la touche hors de l’atelier, ce qu’elle absorbe et se
remémore parfaitement : Ces scènes quotidiennes qu’on ne
remarque pas tant elles nous sont habituelles.
Chez Laure, ces scènes ne cachent pas leur portée narrative
mais, si elles nous touchent autant c’est parce que le travail de
l’expression et de l’attitude des personnages est primordial chez
elle.
Toutefois, dans de nombreuses sculptures, les accessoires ont
une place importante, qu’ils tiennent lieu de simples indices ou
s’intègrent à un vaste décor.
Si l’humain est au cœur de ces compositions, il n’en est pas
exactement le sujet. Laure Gaudebert ne crée pas uniquement
des personnages, elle compose des scènes.
Si ces instants sont anodins et même fugitifs, s’ils sont discrets
dans nos mémoires et n’illustrent pas de hauts faits individuels,
ils n’en constituent pas moins la teneur de nos vies…
Charlaine Valprémit
Introspectives
La céramique d’Alain Gaudebert a à voir avec le jaillissement et
les gestes premiers de l’humanité.
Né à Paris en 1937, Alain Gaudebert est fils d’un éditeur de
romans et de poésies, très lié aux artistes et aux gens de lettres.
Il est ainsi plongé dès son enfance dans le monde de l’Art.
Après une période professionnelle passée dans le monde de
l’industrie, il décide, dans les années 70, de se consacrer à ses
propres recherches artistiques. Il choisit alors de s’installer à
Saint-Aubin-Château-Neuf dans l’Yonne pour s’adonner à la
céramique. Il construit, en 1975, son four à bois à flamme renversée
d’un mètre cube, qu’il utilise encore aujourd’hui .
Son œuvre est prolifique et variée : pichets affichant d’étonnants
dessins d’oiseaux, immenses bouteilles longilignes au corps torturé
et autres jarres, tasses, et bols ; “boites fossiles” après un long
séjour à Mayotte, sculptures de têtes en bas-relief pour la pièce de
Ionesco Jeu de massacre, à Auxerre en 2004.
À partir de 2007, il conçoit ces séries de “falaises”, “stèles” et
“torses”. Pièces toutes droites sorties du chaos, tel un magma
répandu après une éruption volcanique. Sa connaissance et maîtrise
du feu, de la cuisson et des émaux lui permet d’élaborer
une palette riche et étendue produisant des pièces à l’émaillage
excessif, aux épaisseurs interdites, aux superpositions volcaniques
engendrées par les dépôts de cendres où se côtoient les sang-de-boeuf
mêlés aux rouges frais, bordés de turquoise, striés de verts,
de bleus, de gris, de noirs métallisés…
Une vie d’effort, une tâche énorme au quotidien, son œuvre
multiple de coloriste, de graphiste et de sculpteur atteint
aujourd’hui son plein épanouissement au travers du médium
céramique. L’exposition présentée par le Centre Céramique
Contemporaine Giroussens n’est pas une “rétrospective” mais
bien plutôt une “introspective”, « regard intérieur sur le chemin
accompli qui souhaite porter encore des floraisons nouvelles ».
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